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Co-fondateur de l'agence Degré.
  • Co-fondateur de l'agence Degré.

    Boris Fillon est co-fondateur de l'agence Degré.

    • SI TU DEVAIS TE PRESENTER EN QUELQUES MOTS ?

      Je m’appelle Boris Fillon, je suis architecte diplômé de l’ENSA Paris la Villette (2015) et urbaniste diplômé du Cycle dʼUrbanisme de Sciences Po Paris (2017). J’ai travaillé un peu plus d’un an en agence d’architecture (Jean Bocabeille Architecte) avant le cycle. C’était une belle expérience, durant laquelle j’ai notamment répondu à un concours pour la transformation d’un immeuble de bureaux en logements sociaux pour la RIVP. Mais je sentais qu’il me manquait la dimension urbaine et territoriale : j’avais le sentiment d’être à la fin de la chaîne de l’aménagement, sans pouvoir ni réinterroger la commande ni faire évoluer le cadre. Passer par le cycle m’a ouvert à de nombreux enjeux, et m’a ensuite permis de travailler à l’échelle urbaine et territoriale. Après le cycle, j’étais très curieux, j’avais envie de comprendre en profondeur les rouages de l’aménagement du territoire. J’ai ainsi travaillé un an en maîtrise d’ouvrage à La Défense (ex-Defacto), puis 2 ans dans le bureau d’étude en conception environnementale Franck Boutté Consultants à Paris, et enfin 3 ans dans l’Agence d’Urbanisme et de Développement du Pays de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. J’ai donc pu jouer tour à tour les rôles de MOE, MOA, AMO, dans diverses configurations (contexte métropolitain et rural). Fort de ces diverses expériences, j’ai fondé l’agence Degré avec Camille de Gaulmyn en septembre 2023.

    • ARCHITECTE URBANISTE "BIOCLIMATIQUE"... QUESAQUO ?

      Tu te définis aujourd’hui (et je cite ton compte linkedIn) comme un architecte urbaniste “bioclimatique” : peux-tu nous expliquer pourquoi avoir ajouté cet adjectif et ce qu’il signifie ?

       

      Faire de l’architecture et de l’urbanisme bioclimatiques, c’est mettre en relation la vie humaine avec son milieu naturel. Il s’agit de concevoir des espaces confortables en tirant parti des conditions climatiques environnantes. La connaissance du milieu est ainsi primordiale (climatologie, géologie, géographie, écologie, hydrologie…).

      J’avais le souhait depuis longtemps de participer à la lutte contre le changement climatique à travers mon métier. Mon expérience chez Franck Boutté Consultants m’a familiarisé avec la « conception environnementale intégrée » : le fait d’intégrer le plus en amont possible les enjeux climatiques et environnementaux dans la conception d’un projet architectural, urbain ou territorial. Cela implique une réflexion transversale, des échanges réguliers au sein de l’équipe de conception. Par la suite, quand j’ai postulé à l’Agence d’Urbanisme et de développement du Pays de Saint-Omer (AUD), l’offre d’emploi précisait « architecte urbaniste bioclimatique », ce que je n’avais encore jamais vu. L’AUD cherchait alors quelqu’un qui soit en mesure d’accompagner les élus locaux sur les enjeux architecturaux et urbains, tout en étant capable de défendre de fortes ambitions environnementales. Depuis, j’ai conservé cet intitulé pour revendiquer cette approche : penser l’architecture et l’urbanisme en intégrant les enjeux climatiques le plus tôt possible et tout au long du projet. Pendant de nombreuses décennies, l’architecture et l’urbanisme avaient mis de côté la question de la prise en compte des milieux naturels et du climat. C’est en train de changer progressivement. L’ouvrage « l’Histoire naturelle de l’Architecture » de Philippe Rahm et le mouvement pour une Frugalité heureuse et créative sont des illustrations de ce regain progressif d’intérêt des architectes pour les enjeux climatiques.

       

    • QU'EST-CE QUI PERCUTE NOS METIERS D'URBANISTES ?

      Beaucoup d’éléments viennent percuter nos métiers d’urbanistes aujourd’hui. J’aimerais en évoquer deux qui me semblent particulièrement importants : l’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité, la question démocratique. 

       

      Le premier est la question de l’urgence climatique et de l’effondrement de la biodiversité, fortement liés, qui impliquent des bouleversements majeurs en termes de méthode et d’approche. Nous devons désormais nous assurer que les bâtiments et les espaces que l’on conçoit aujourd’hui seront adaptés au climat de demain et confortables en toute saison pour leurs utilisateurs (humains et non-humains), en prenant en compte les modélisations climatiques. Dans le même temps, les choix constructifs doivent intégrer la question du carbone, qui réinterroge fortement les choix architecturaux : que peut-on se permettre de démolir ? Quel matériau choisir pour quelle fonction ? Quelles filières constructives locales activer ? Enfin, l’enjeu de la préservation des ressources, et plus particulièrement l’inscription de l’aménagement du territoire dans les limites planétaires conduit à de nouvelles manières de penser les projets (renaturation, restauration des écosystèmes, repli stratégique, préservation et renforcement de la biodiversité…). Cette question climatique fait plus qu’influencer ma pratique, elle en est à l’origine : l’objectif premier de Degré est d’accompagner les collectivités locales pour faire face au changement climatique. La question climatique est au cœur de notre modèle d’agence. C’est un filtre qui nous guide dans le choix des appels d’offres auxquels on répond, dans le choix des partenaires qu’on rencontre…

      Le second élément est la question démocratique. Nous sommes dans un climat de défiance envers les institutions, de montée de l’abstentionnisme, de perte de confiance envers les élus, d’opposition à de nombreux projets d’aménagement (mégabassines, aménagements routiers, fermes-usines, entrepôts logistiques…), de lutte sociale (Gilets Jaunes)… Il me semble essentiel de nous questionner sur nos manières de faire de l’aménagement en nous posant de nouveau des questions essentielles : cet aménagement contribue-t-il à améliorer le cadre de vie de tous les  citoyens ? Comment les aspirations des habitants ont-elles été intégrées au projet ? Le projet d’aménagement répond-il aux enjeux écologiques et de justice sociale ? Je pense que le travail en immersion dans les territoires que nous pratiquons avec Degré (le format de la résidence ou de la permanence architecturale) est une méthode qui permet de répondre à ces questions, en prenant le temps de tisser du lien, de croiser notre expertise d’urbanistes avec celle des acteurs locaux. Je suis persuadé qu’il y a un vrai besoin de vulgarisation et de pédagogie. Chaque étude urbaine, chaque projet architectural représente pour moi une occasion de sensibiliser les habitants et les élus à certaines thématiques, de transmettre des connaissances, de participer à la vitalité de notre démocratie.

       

    • ET SUR CAMILLE, AVEC QUI TU FONDES DEGRE?

      Je me permets de présenter brièvement Camille, car Degré est avant tout une aventure collective !

      Camille est architecte diplômée d’État et ingénieure en génie civil et urbanisme (double cursus ENSAL / INSA Lyon). Elle a travaillé 5 ans dans le bureau d’étude environnement Franck Boutté Consultants (c’est d’ailleurs là-bas que nous nous sommes connus en 2018), où elle a acquis une forte expérience dans l’intégration des enjeux climatiques et environnementaux dans les projets territoriaux, urbains et architecturaux. Elle enseigne la conception climatique et environnementale depuis plusieurs années dans plusieurs écoles d’architecture et d’ingénierie (Centrale Supelec, ENSA Paris Belleville, ENSA Saint-Etienne, ENSA Versailles, ENSA Normandie, Ecole Confluence, Rice School of Architecture…), a publié des articles de recherche sur l’enseignement de la conception environnementale et le confort thermique. Enfin, Camille est fascinée depuis longtemps par les territoires de montagne : elle pratique l’alpinisme et l’escalade. 

      Nous avons fondé Degré en septembre 2023. Degré est une agence hybride, au croisement entre une agence d’architecture, une agence d’urbanisme et un bureau d’études et de conseil en environnement, spécialisée dans l’accompa­gnement des collectivités territoriales, des entreprises et des particuliers face au changement climatique. Conception et réalisation de projets architecturaux à forte ambition écologique, diagnostics climatiques, études environnementales, missions d’AMO et de conseil, démarches de concertation, stratégies territoriales… Notre palette d’activités est large, tout en étant focalisée sur les enjeux climatiques.

      Nous sommes installés à la Ruche, une pépinière d’entreprises à impact, et parcourons la France et ses territoires d’un projet à l’autre. Nous sommes particulièrement motivés pour accompagner les territoires à moindre densité, ruraux ou périurbains, les petites villes et les petites communes, dans leurs démarches de transition, en apportant nos compétences et notre disponibilité directement au sein de ces territoires, en étant présents sur le terrain pour co-construire des réponses locales aux enjeux globaux d’atténuation et d’adaptation face au changement climatique.

       

    • PEUX-TU NOUS PARLER D'UN TERRITOIRE? UN PROJET ?

      J’aimerais parler des Gorges de la Rouvre, un territoire dans lequel nous avons été accueillis en résidence d’architecture avec Camille. Situé dans l’Orne, le site naturel de la Roche d’Oëtre et des Gorges de la Rouvre est un site naturel exceptionnel incontournable en Suisse normande. C’est un lieu sauvage entre bocage et montagne. Cette résidence était organisée par Territoires pionniers / Maison de l’architecture Normandie et le CPIE Collines normandes.

      L’objectif de cette résidence était de réfléchir, avec les habitants et acteurs du territoire de la Rouvre (bassin versant d’une rivière affluente de l’Orne), aux manières d’habiter et de vivre ensemble face au changement climatique. Au fil des 6 semaines que nous avons passées sur le territoire, entre mai et octobre 2022, nous avons suivi une méthode exploratoire et participative, visant à croiser plusieurs regards sur le territoire : une analyse des « couches » naturelles du territoire, pour en comprendre le socle et les ressources ; des rencontres et des entretiens avec des élus, des habitants, des acteurs locaux ; des cartes participatives complétées par les habitants, pour comprendre leurs modes de vie, leur rapport au changement climatique, leurs déplacements, les lieux naturels importants... ; des ateliers d’écriture avec des collégiens pour ouvrir les imaginaires sur la protection du vivant ; la rédaction de récits prospectifs inspirés par notre lecture du territoire, pour imaginer d’autres modes de vie, dans un futur proche, qui mélange atténuation et adaptation au changement climatique dans le contexte local ; la formulation de pistes d’actions possibles suite à la résidence, pour tous les acteurs du territoire.

      L’ensemble de la production de la résidence a été présenté lors d’un événement final le 15 octobre 2022 (ouvert à toutes et tous), mélangeant une exposition, une balade en récits, des productions habitantes et une soirée festive. Les livrets finaux, le blog de la résidence ainsi qu’une vidéo de synthèse sont en ligne.

      Cette résidence dans l’Orne était au croisement des enjeux climatiques et de démocratie qui viennent percuter nos métiers d’urbanistes. Elle nous a permis de les explorer en questionnant nos pratiques professionnelles pour aboutir à la création de Degré. En conclusion, nous avons hâte d’expérimenter de nouveau le format de la résidence sur d’autres territoires !

       

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