2022 : 53 ans après.
- SciencesPo Urba
- 31 oct. 2022
- 3 min de lecture
Un répertoire professionnel après le COVID, un témoin des itinéraires des diplômés du Cycle d’urbanisme de Sciences Po.
Étude réalisée par Michel Micheau, ancien directeur du Cycle d'urbanisme (1979-2015) et professeur émérite à Sciences Po, initialement publié dans l'Annuaire 2022 de Sciences Po Urba.
Trois ans après le cinquantième anniversaire du Cycle d’urbanisme de Sciences Po, sept ans après la création de l’École urbaine de Sciences Po à laquelle il appartient, le nouveau répertoire des Anciennes et Anciens paraît seulement trois ans après le précédent en raison de la pandémie. Il rend compte de la diversité et de la richesse des itinéraires des 1847 personnes ayant suivi l’enseignement du Cycle entre 1969 et 2022, et plus particulièrement des 1420 se déclarant en activité. S’il fait suite aux quinze précédents répertoires publiés régulièrement, il possède des traits spécifiques. Les statistiques qu’il permet d’élaborer rendent compte des évolutions, différentes pour les plus anciennes promotions et pour les plus récentes. Il aborde de nouveaux sujets : la mobilité professionnelle et le devenir des plus jeunes.
Les anciens étudiants exercent majoritairement dans une grande variété de secteurs liés à l’aménagement et à l’urbanisme : conception urbaine, développement, immobilier, gestion des collectivités publiques, bureaux d’études et nombre d’entreprises ou appuis à la chaîne de production de la ville. Ils sont pour une certaine partie membres de l’association des Anciens du Cycle, qui anime la collectivité et en assure la représentation dans les institutions, dont Sciences Po, et les entreprises.
Si le cœur de la pédagogie de projet, avec son sujet et ses méthodes, est demeuré le même et a intégré les nouvelles normes éducatives de l’École urbaine, le titre du diplôme a évolué : Diplôme Supérieur de Spécialisation jusqu’en 1974, Diplômes d’Études Supérieures Spécialisées jusqu’en 2003, et enfin Master de Sciences Po, mention urbanisme.
Entre mouvements de fond et signaux faibles
Stabilité des effectifs en activité par grands secteurs.
Avec seulement 9% hors urbanisme, le Cycle apparaît efficace dans sa préparation à l’emploi. Le graphique en pourcentage de la répartition des Anciennes et Anciens entre les trois secteurs Public/ Semi-Public/ Privé évolue globalement très peu d’un annuaire à l’autre, mais à l’échelle des décennies il n’en va pas de même. En effet, du fait de leurs études antérieures et de la formation transversale donnée au Cycle, les étudiants multidiplômés peuvent occuper beaucoup d’emplois possibles et s’adapter aux enjeux de l’urbain et de la société. S’ils ont la capacité d’évoluer d’une fonction à une autre, d’un secteur à un autre, leur formation initiale dominante va cependant marquer leur carrière.
Mais à y regarder de plus près, des mouvements fins se produisent avec insistance d’un répertoire à l’autre.
En 2022, ce sont les catégories « Sans infos ou sans emploi » et « Hors urbanisme » qui croissent le plus, par des effets de vieillissement, mais aussi pour des questions nouvelles de rapport général au travail, que l’expérience du COVID a cristallisées.
Passage à la retraite et taux de couverture.
Le Cycle a été créé à la fin des trente glorieuses pour des étudiants du baby boom. Les Anciennes et Anciens partent désormais à la retraite non pas par promotion entière, mais de manière dispersée, selon les obligations posées par leurs institutions et selon leur projet personnel ou familial.
Il n’est pas étonnant que l’annuaire décompte seulement 4,3 % de personnes se déclarant à la retraite. Si une part reste impliquée dans la question de la ville ou de la société « Retraite active ou engagée » (1,4%), il n’a pas été noté de croissance notoire d’activités de conseil indépendant après l’activité salariée. Mais ces nombres sont sous-évalués, car il est désormais difficile de retrouver les plus anciens. En conséquence, la catégorie « Sans infos ou sans emploi » a mécaniquement grossi d’autant qu’elle comprend aussi les décès dont l’association n’a pas eu connaissance. Elle est passée de 9,2% à 15,4%.
Il faut souligner néanmoins que la mise à jour des informations pour 85% des anciens est un taux de couverture remarquable, peu fréquent dans ce type d’association. Le répertoire est un outil fiable et la qualité des données rassemblées est liée à une solidarité demeurée vive par promotion, entre ceux qui ont eu le plaisir d’apprendre au Cycle. L’association, quant à elle, a le rôle difficile d’assurer la solidarité entre les promotions, le répertoire en étant un instrument majeur.
Évolutions sectorielles
La lecture de l’index par secteur montre que les activités vers lesquelles se tournent les Anciennes et Anciens appartiennent à trois grands blocs. Elles sont très variées, les trois blocs sont dominants mais la tendance à faire le pas vers des projets personnels (art, création de structures où la relation humaine est forte, petites sociétés liées au numérique, etc.) est désormais lisible. Le rapport à l’emploi change comme l’implication quant aux enjeux.
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